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Subject description: Sur le champ médiatique [Bilbiographie] Bourdieu 03 Mar 2005, 23:32
Pierre Bourdieu et le champ médiatique : repères bibliographiques
Voici une liste, que j'espère la plus exhaustive possible, des contributions du sociologue Pierre Bourdieu à l’analyse du champ médiatique [1].
Trois ans après sa mort, il semble utile de fournir quelques repères à ceux qui souhaiteraient explorer une pensée qui constitue une référence sociologique décisive de la critique des médias et du journalisme. Une référence sans déférence ni révérence (ainsi qu’il l’aurait lui-même souhaité) et nullement exclusive [2].
C’est l’occasion de montrer à nouveau que le travail de Pierre Bourdieu sur ces questions n’a pas débuté soudainement en 1996 avec Sur la télévision (n’en déplaisent à ceux qui voudraient n’y voir qu’une manifestation de son engagement politique déconnectée de toute préoccupation scientifique) et qu’il est loin de se limiter à cet unique ouvrage.
C’est l’occasion, surtout, de souligner que ce travail, s’il a souvent pris la forme d’interventions (entretiens, cours, conférences...), ne peut être compris qu’en fonction de l’ensemble de son œuvre - que prolongent les travaux qu’il a lui-même dirigés comme ceux qu’il a plus ou moins directement inspirés.
La bibliographie présentée ici inclut donc quelques ouvrages qui ne traitent pas spécifiquement des médias, mais constituent un arrière-plan et un complément indispensables.
C’est assez dire que certaines réactions épidermiques des polémistes pour médias témoignent surtout d’une grande ignorance et/ou d’un inacceptable mépris [3].
Citation:
1963
- « Sociologues des mythologies et mythologies de sociologues » (avec Jean-Claude Passeron), Les Temps modernes, vol. XIX, n° 211, décembre 1963, pp.998-1021.
1971
- « L’opinion publique n’existe pas ». Conférence (Arras, janvier 1971) dont le texte fut publié dans la revue Les temps modernes (n°318, janvier 1973, pp.1292-1309), puis repris dans Questions de sociologie, Les éditions de Minuit, Paris, 1980, pp. 222-235 [4].
1972
- « Les Doxosophes », Minuit n°1, novembre 1972, pp.26-45.
1979
- La Distinction. Critique sociale du jugement, Editions de Minuit, Paris, 1979.
Cet ouvrage n’est pas consacré spécifiquement à l’analyse du champ de production journalistique mais à la consommation des biens culturels (dont la consommation de la presse fait partie) et aux fonctions sociales qu’elle remplit. Non seulement la structure des champs de production n’est jamais totalement indépendante de celle des champs de consommation, mais aussi, contrairement à ceux qui prétendent que, pour Bourdieu, les médias agiraient de manière uniforme sur le public, cet ouvrage analyse les logiques différentielles qui sont à l’œuvre dans la réception des biens de consommation culturelle, et notamment la relation entre le champ journalistique et celui des classes sociales (voir en particulier le chapitre 8, intitulé « Culture et politique »).
1984
- Homo academicus, Editions de Minuit, Paris, 1984.
Comme La Distinction, cet ouvrage ne concerne pas directement les médias mais analyse un champ de production de biens intellectuels particulièrement autonome. Le champ journalistique, bien que fortement hétéronome, participe lui aussi au fonctionnement du champ intellectuel et entretient des relations complexes de concurrence et d’échanges avec le champ académique et de production savante comme le montre les polémiques autour des « intellectuels médiatiques » et de leur place dans les débats de société. (Sur l’intervention croissante du champ journalistique sur le champ intellectuel, voir le texte, court mais essentiel, intitulé « Le hit-parade des intellectuels français ou qui sera juge de la légitimité des juges », annexe 3, pp.275-286).
1985
- « Remarques à propos de la valeur scientifique et des effets politiques des enquêtes d’opinion », Pouvoirs n°33, avril 1985, p. 131-139 (reproduit sous le titre « Sondages, une science sans savants » dans Choses dites, Les éditions de Minuit, Paris, 1987, pp. 217-224).
1987
_- « Une leçon de journalisme de Pierre Bourdieu ». Communication orale (Bordeaux, novembre 1987) dont un compte rendu fut publié dans le journal Imprimatur, IUT de Bordeaux, 1988.
1988
- « Libé vingt ans après ». Texte écrit à la demande de Libération, pour accompagner des statistiques de lectorat destinées à ses annonceurs mais que le quotidien choisira finalement de ne pas publier.
Une version abrégée de cette analyse a été publiée quelques années plus tard dans la revue Actes de la recherche en sciences sociales (n° 101-102, 1994, p.39) accompagnée d’un tableau résumant les statistiques commentées. Elle a ensuite été reproduite dans sa version intégrale - mais sans le tableau - dans l’ouvrage Interventions, 1961-2001 (Textes choisis et présentés par Franck Poupeau et Thierry Discepolo), Editions Agone, Marseille, 2002, pp.387-389 [5].
1989
- « L’opinion publique » (avec Patrick Champagne). Texte publié dans Youri Afanassiev et Marc Ferro (Dir.), 50 idées qui ébranlèrent le monde, éditions Payot/progress, Paris, 1989, pp.204-206 (et reproduit dans Interventions..., op. cit., pp.87-89).
1992
- « Questions de mots. Une vision plus modeste du rôle des journalistes ». Texte publié dans l’ouvrage Les mensonges du Golfe, Arléa, Paris, 1992, pp.27-32 (et repris dans Interventions..., op. cit., pp.391-394).
- Les règles de l’art. Génèse et structure du champ littéraire, Edition du Seuil, Paris, 1992.
Apparemment ce livre ne concerne pas directement les médias. Mais à la différence des deux ouvrages précédemment cités (La Distinction et Homo academicus), sa lecture en est indispensable parce qu’elle constitue un préalable ou un complément aux analyses postérieures qui seront faites dans Sur la télévision notamment. Cet ouvrage étudie, en effet, la constitution des champs de production des biens symboliques au 19ème siècle et le processus d’autonomisation de ces univers qui s’engage alors, processus que le développement du champ journalistique tend aujourd’hui à menacer. En outre, dans cet ouvrage, Bourdieu élabore de façon plus systématique, à partir de l’exemple du champ littéraire, sa théorie générale des champs, ses analyses ultérieures du champ journalistique étant indissociables de ses recherches antérieures et de sa théorie des champs.
1994
- « L’emprise du Journalisme », Actes de la recherche en sciences sociales n° 101-102 (« L’emprise du journalisme »), 1994, pp.3-9 (texte reproduit dans Sur la télévision, Editions Liber/raison d’agir, Paris, 1996) [6].
- « Du fait divers à l’affaire d’Etat », Actes de la recherche en sciences sociales n° 101-102 (« L’emprise du journalisme »), 1994, p. 8 (texte reproduit dans Interventions..., op. cit., pp.295-297)
- « Libé vingt ans après » (version abrégée), Actes de la recherche en sciences sociales n° 101-102 (« L’emprise du journalisme »), 1994, p.39.
- « Journalisme et éthique ». Communication orale au colloque fondateur du Centre de recherche sur le journalisme de l’Ecole Supérieure de Journalisme (ESJ) de Lille. Le texte de cette intervention (lisible sur le site de l’Homme moderne), a été publié dans Les cahiers du journalisme n°1, Juin 1996, pp.10-17.
1995
- « La misère des médias » ; entretien avec François Granon publié dans l’hebdomadaire Télérama n°2353, 15 février 1995 (texte reproduit dans Interventions..., op. cit., pp.399-405).
1996
- En janvier 1996, Pierre Bourdieu a participé à un numéro de l’émission Arrêt sur images (France 5, 20.01.1996) consacré au traitement médiatique des grèves de décembre 1995 (version sonore (52 mn) sur le site de « non officiel » de « Là-bas si j’y suis » disponible grâce à Ricar).
- « Analyse d’un passage à l’antenne », Le Monde diplomatique, avril 1996, p.25 (Texte disponible en ligne sur le site du “Diplo” et reproduit dans sa version initiale dans Interventions..., op. cit., pp.408-416) [7].
- Sur la télévision. Deux émissions offrant la parole à Pierre Bourdieu sur les médias (Sur la télévision et Le champ journalistique et la télévision) ont été réalisées la même année par Gilles L’Hôte et diffusées sur la chaîne Paris première en mai 1996 [8]. Elles ont ensuite été commercialisées sous forme de deux cassettes et d’un DVD, diffusés par Co-errances : Sur la télévision et Le champ journalistique et la télévision (Collège de France/CNRS, VHS, 1996) ; La télévision (DVD regroupant Sur la télévision et Le champ journalistique, Doriane Films, 1996). La transcription de ces deux interventions orales a également publiée (légèrement retravaillée) sous le titre Sur la télévision aux éditions Liber/raison d’agir (Paris, 1996) [9].
- « La tyrannie de la télé » ; entretien avec D. Mitropoulos publié dans l’hebdomadaire grec To Vima [10], Athènes, 18 octobre 1996.
- « Les intellectuels “médiatiques” sont une parodie » ; entretien avec E. Tserozolou publié dans le quotidien grec Avgi, Athènes, 20.10.1996.
1997
- « Bourdieu contra a TV » ; entretien avec P.R. Pires publié dans le quotidien brésilien O Globo, Rio de Janeiro, 04.10.1997, pp.1,4 (Publication française sous le titre « Retour sur la télévision » dans Contre-feux, Editions Liber/raison d’agir, Paris, 1998, pp.85-92) [11].
1998
- « La télévision, le journalisme et la politique ». Texte publié dans Contre-feux, Editions Liber/raison d’agir, Paris, 1998, pp.76-84.
- « Question sur un quiproquo », Le Monde diplomatique, février 1998, p.26 [12] (texte reproduit dans Interventions..., op. cit., pp.406-407).
1999
- « Questions aux vrais maîtres du monde ». Texte paru dans l’Humanité (13.10.1999), Libération (13.10.1999) et le Monde (14.10.1999) (et reproduit dans Interventions..., op. cit., pp.417-424).
- « A propos de Karl Kraus et du journalisme ». Intervention au colloque « actualité de Karl Kraus. Le centenaire de la Fackel (1899-1936) », Paris, 4-6 novembre 1999 ; paru dans la revue Austriaca n°49 (décembre 1999, pp.37-50), puis dans Actes de la recherche en sciences sociales (n° 131-132, mars 2000, pp.3-7) et reproduit dans Interventions..., op. cit., pp.374-381.
2000
- « A TV precisa de um contrapoder » ; entretien avec L. Duarte, publié dans le quotidien brésilien Jornal do Brasil, Rio de Janeiro, 9.09.2000, p.3 [13].
- « Ce qu’ils en pensent » (recueil de contributions de diverses personnalités - dont Pierre Bourdieu - à propos du cinquantenaire de Télérama), Télérama n°2647, 4 octobre 2000.
2001
- « Television », European Review, Academia Europaea, 9 (3), 2001, pp.254-256.
- « La sociologie est la seule discipline qui pourrait nous fournir des armes » ; entretien avec Lino Polegato paru dans la revue belge Flux News, Anvers, n°27, Janvier-février 2002, pp.7,24 [14].
- Enfin pris ? (CP-production, 2002), documentaire réalisé par Pierre Carles sur la question des rapports entre médias et intellectuels. Ce film présente notamment l’intérêt d’inclure un certain nombre d’interventions de Pierre Bourdieu (pour la plupart inédites) [15].
[1] Ce recensement, qui sera, au besoin, progressivement complété, a été établi avec l’aide de l’ouvrage d’Yvette Delsaut et Marie-Christine Rivière, Bibliographie des travaux de Pierre Bourdieu, édition Le Temps des cerises, 2002.
[2] Comme le montreront prochainement les bibliographies et présentation consacrées à d’autres auteurs.
[3] L’occasion de signaler ces quelques évidences a déjà eu lieu (Voir "Avez-vous lu Pierre Bourdieu ? " et Pierre Bourdieu et nous). Mais les préjugés ayant la vie dure, il n’est sans doute pas inutile d’insister quelque peu.
[4] Voir la présentation de ce livre sur le Site de l’homme moderne.
[5] Voir la présentation de l’ouvrage sur le site d’Agone.
[6] Le sommaire détaillé des numéros des Actes peut être consulté sur le site de l’Ehess.
[7] La publication de cette analyse entraîna une réponse de Daniel Schneidermann (« Réponse à Pierre Bourdieu », Le Monde Diplomatique, mai 1996, p.21) lisible sur le site de l’Homme moderne.
[8] La date exacte des diffusions ?
[9] Voir la présentation de ce livre sur le Site de l’homme moderne.
[10] To Vima est devenu quotidien en 1999. Pour plus de détails, consulter la rubrique « Planère Presse » du site courrierinternational.com.
[11] Voir la présentation de ce livre sur le Site de l’homme moderne.
[12] Réponse à un article d’Edwy Plenel, « le faux procès du journalisme » (Le Monde diplomatique, février 1998, p.26).
[13] Ce texte est disponible en ligne sur le site brésilien de la Revista Espaço Acadêmico (en portugais).
[14] Disponible sur le site de Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers-Monde (CADTM).
[15] Voir la présentation de ce film sur le Site de l’Homme moderne. Il est souhaitable de voir d’abord le premier documentaire de Pierre Carles (qui introduit son travail sur l’univers médiatique), Pas vu pas pris (CP-production, 1995) dont j'ai déjà parlé sur Philautarchie. Voir ensuite puis La sociologie est un sport de combat (CP-production, 2001), également présenté sur philautarchie mais également sur le Site de l’Homme moderne, un documentaire qui offre une perspective générale sur la pensée de Pierre Bourdieu. Cette double introduction éclaire utilement le propos du dernier documentaire qui constitue à la fois le prolongement des deux premiers et l’aboutissement de cette « trilogie ».
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A noter que je viens de trouver une page dédiée à la pensée de Bourdieu, intéressante...
"Mais surtout, la connaissance exerce par soi un effet - qui me paraît libérateur - toutes les fois que les mécanismes dont elle établit les lois de fonctionnement doivent une part de leur efficacité à la méconnaissance, c'est-à-dire toutes les fois qu'elle touche aux fondements de la violence symbolique.
Cette forme particulière de violence ne peut en effet s'exercer que sur des sujets connaissants, mais dont les actes de connaissance, parce que partiels et mystifiés, enferment la reconnaissance tacite de la domination qui est impliquée dans la méconnaissance des fondements vrais de la domination."
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Tous au fond de vous, au fond de vos coeurs, bien profond, vous avez tous un comptable, une montre, un petit paquet de merde.
Bourdieu donne moins à voir son propre parcours que les conditions de son parcours, et le champ dans lequel il s'inscrit. Comment il s'oppose à l'Université et à ses vassaux, et comment il a vécu le rapport entre philosophie et sociologie.
C'est surtout ce dernier rapport que j'ai du mal à entrevoir: est-ce une critique de la philosophie comme lieu social où les "intellectuels" cherchent cooptation et reconnaissance, ou bien la méthode elle-même qu'il attaque ? Il m'a bien semblé que ce soit la première, néanmoins qu'il refuse la supériorité de la philosophie conférée par tout le milieu des normaliens et universitaires.
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28 Mar 2005, 23:15
Toute classe dominante et analysée comme telle, fait brandir à Bourdieu son stylo magique dans la face de la situation, c'est un fait. Je ne l'ai pas expressément lu ainsi chez lui mais on peut en effet penser que la domination philosophique sur l'intelligentsia du moment, comme s'il était humiliant de n'avoir jamais croisé la philosophie, est un des facteurs de la rupture de Pierre d'avec sinon la discipline, du moins un certain nombre de ses vassaux.
En retour, on peut penser la même chose, en terme de domination sur l'intelligentsia, aujourd'hui sur le bourdieusannisme et ses vassaux...
D'autre part, j'ai déjà entendu l'un de ceux-là penser la philosophie, soi-disant dans la ligné de la parole du patriarche précité, comme une activité incapable à s'appliquer au réel du moment et encore moins à en faire exercice sociopolitique.
Il n'empêche pas moins que la conception de Bourdieu était probablement plus fine que ça, d'abord il a souvent manifesté avec Derrida son vieux pote, mais il a beaucoup appris de Foucault également.
Certains me diront que justement, Foucault dans sa démarche et sa structuration n'est pas une philosophe mais bien une figure de l'intellectuel total.
Bon, j'y répondrais en demandant : et ben alors, il est philosophe.
Mais la philosophie est tellement ardue à définir, à périmétrer, voyez-vous , qu'il est toujours plus facile de prendre machin et de lui donner la nationalité de philosophe lorsque c'est arrangeant et la lui enlever lorsque ça-fait-pas-beau-comme-mot-sur-un-tel-esprit.
C'est un phénomène d'hypocririse, un chef-d'oeuvre de l'anonymat comme dirait Thiéfaine, qu'on retrouve bien ailleurs encore : Marie Pierce elle est française quand elle gagne, américaine quand elle passe pas le premier tour et qu'elle pleure sur le terrain.
Que voulez-vous
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29 Mar 2005, 09:30
ArIsTiDhA a écrit:
Toute classe dominante et analysée comme telle, fait brandir à Bourdieu son stylo magique dans la face de la situation, c'est un fait. Je ne l'ai pas expressément lu ainsi chez lui mais on peut en effet penser que la domination philosophique sur l'intelligentsia du moment, comme s'il était humiliant de n'avoir jamais croisé la philosophie, est un des facteurs de la rupture de Pierre d'avec sinon la discipline, du moins un certain nombre de ses vassaux.
En retour, on peut penser la même chose, en terme de domination sur l'intelligentsia, aujourd'hui sur le bourdieusannisme et ses vassaux...
D'autre part, j'ai déjà entendu l'un de ceux-là penser la philosophie, soi-disant dans la ligné de la parole du patriarche précité, comme une activité incapable à s'appliquer au réel du moment et encore moins à en faire exercice sociopolitique.
Il n'empêche pas moins que la conception de Bourdieu était probablement plus fine que ça, d'abord il a souvent manifesté avec Derrida son vieux pote, mais il a beaucoup appris de Foucault également.
Certains me diront que justement, Foucault dans sa démarche et sa structuration n'est pas une philosophe mais bien une figure de l'intellectuel total.
Bon, j'y répondrais en demandant : et ben alors, il est philosophe.
Mais la philosophie est tellement ardue à définir, à périmétrer, voyez-vous , qu'il est toujours plus facile de prendre machin et de lui donner la nationalité de philosophe lorsque c'est arrangeant et la lui enlever lorsque ça-fait-pas-beau-comme-mot-sur-un-tel-esprit.
C'est un phénomène d'hypocririse, un chef-d'oeuvre de l'anonymat comme dirait Thiéfaine, qu'on retrouve bien ailleurs encore : Marie Pierce elle est française quand elle gagne, américaine quand elle passe pas le premier tour et qu'elle pleure sur le terrain.
Que voulez-vous
Moi je sais plus ce que c'est la philosophie... Parfois je lis un truc de socio, je me dis ça c'est philo... et parfois on lit de la philo sur le corps social... Maintenant je vois plus la philosophie comme une attitue (comme la positive attitude quoi )...
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29 Mar 2005, 15:33
C'est un traitement possible du réel ou plus généralement du monde avec un certain nombre de valeurs de démarche : critique, documentation, enquête (de terrain parfois), prise en compte d'enjeux historiques (donc philosophiques) autour du sujet....
Pour moi ce n'est plus du tout la "recherche de sagesse" comme on se laît à le rappeler en général. Par ses outils mis en place et pas l'histoire de son évolution, la philosophie est peut-être une forme de sagesse, mais le traitement philosophique en tout cas est bien plus que cette notion que je trouve assez creuse.
Et philautarchie, rapellons-le bien, ce n'est pas de la philosophie, un forum philossophique qui "fait de la philosophie" hein... C'est la démarche de philautarchie qui l'est : en un mot, la critique et l'interêt pour tout, une forme d'analyse qui reste plurivoque selon 'approche de chacun, mais demeure ouverte évidemment au péril de la mise en collectif de sa forme, forcément...
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Ca m'énerve qu'on sorte sans cesse l'étymologie de la philosophie. Pour moi, la philosophie a des méthodes, des objets et des limites, comme toutes les sciences, qu'elles soient molles ou dures, à la différence près que la philosophie est réflexive. Bourdieu dit lui que la sociologie est réflexive, mais c'est pareil, car je pense que la sociologie travaille sur l'expérience en particulier, elle s'attache à la pratique et aux réalités ultra-contingentes. Je vais paraître peut-être dogmatique, mais il me semble que la sociologie, c'est encore de la philosophie.
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29 Mar 2005, 19:38
C'était le sens de ma parole également. On est d'accord.
Pour moi l'image de l'arbre de la philosophie, avec la métaphysique comme tronc, de Descartes, s'applique à la pluralité des sciences critiques d'aujourd'hui : le tronc commun est philosophique au sens où la démarche est fondamentale et instituée historiquement par la raison qui s'est appelé "philosophie", tout le reste constitue la vie en rhizomes de cette démarche, sa contemporanéïté.
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et si la véritable contemporanéité de la philosophie n'était pas toute entière rhizome, et et , non plus est (dixit deleuze). Choisir entre la philo qui EST, ou la philo qui VA.
Un rien de nomadisme, de saine hybridation et de divins mélanges font les idées robustes.